Il y a de ces bouquins qu’on ne peut simplement plus lâcher, ces moments où la littérature devient une drogue. On arrive le matin au bureau les yeux cernés, mort de fatigue, tel un junkie qui ne se rappelle pas de sa soirée. “Qu’as-tu fait hier soir pour avoir cette sale tête? J’ai lu.” Ces bouquins aux histoires enlevantes, au suspense haletant et à l’écriture juste, qui nous bouscule un quotidien jusqu’à ce qu’on tourne la dernière page, qu’on lise la dernière phrase. Jusqu’au moment où on referme le livre, satisfait de l’expérience, mais en deuil de tout ces personnages qu’on vient de quitter. Et bien le dernier livre de Justin Cronin, Le Passage, fait partie de ces bouquins là.
Ce roman est tout à la fois. Ses 960 pages renferment plus de 11 parties couvrant plus de 100 ans. L’action débute en 2010, alors qu’on test un virus sur des condamnés à mort qui ont donné leurs corps à la science. Une fois administré, l’homme n’est plus, la bête prend le dessus. Ces 10 condamnés à mort, sous le regard des hautes instances du FBI, deviendront, dans le fin fond d’une montagne du Colorado, des surhommes, puissant, intelligent, rapide. Ils s’abreuvent de sang et ne tolérant pas le soleil.
Quoi?
Non!
Pas un autre livre de vampire! N’ayez crainte, j’ai eu cette même réaction. J’ai même refermé le livre, me disant que ça allait être pour de bon. Pas un 1000 pages de vampires, on passe à un autre appel. Et pourtant. Un erreur monstrueuse aurais-je fait si, sous la pression de collègue de travail, je ne m’était pas replonger dans Le Passage de Justin Cronin. Car soudainement, tout chavire. Les 10 cobayes, s’échappent et le virus se propage. Le Colorado périra, et soudainement la côte Ouest américaine en entier et finalement, c’est l’Amérique complète qui succombera au virus, devenant ce No Man Land où ces bêtes errent sans cesse pour survivre.
On suit donc, 100 ans plus tard, une colonie de réfugiés, de résistants, située en Californie. Une centaine d’âme, tout au plus. Il n’ont pas connu autre monde que celui là, l’état de nature. On ne quitte pas l’enceinte, on ne marche pas à l’ombre et on attend. Qui? L’armée, bien sur. Viendra-t-elle? On en doute tous, bien sur. C’est aux portes de cette colonie que Amy arrivera. Elle semble avoir 10 ans, tout au plus, et pourtant. Elle a connu la modernité. Elle a connu l’apocalypse. Et pourtant.
C’est dans cet univers post-apocalyptique que Justin Cronin nous plonge, un Amérique qui n’est sans rappeler La Route de Cormac McCarty. Avec une narration incroyable, Cronin nous livre ici un roman immense, qui est le premier tome d’une trilogie qui, vous en avez ma parole, deviendra culte. Son style d’écriture est maîtrisé, subtile. Il sait nous livrer ses intrigues par morceaux alors que ses personnages sont humains et complets. Avec lui, on avance pas à pas, tranquillement, dans ce monde qui était jadis le nôtre. Un livre qui nous évoque Stephen King à son meilleur, qui est aussi épique qu’un bon Ken Follett et qui est du même sang que la série Walking Dead, Le Passage de Justin Cronin est unique en son genre et sans équivoque le must-read de l’été.
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