samedi 6 août 2011

L'amour 2.0

"J’aimerais résilier mon abonnement. Puis-je m’y prendre ainsi? Cordialement, 
E. Rothner." 
Lorsqu’on lit les premières lignes de Quand souffle le vent du Nord de Daniel Glattauer, on ne se doute aucunement dans quoi on s’embarquera, tout comme les deux protagonistes. Par ce simple et anodin courriel, Emma Rothner fera débouler quelques choses de plus grandes qu’elles, une rencontre qu’elle n’attendait pas, une expérience qu’on n’espérait plus. 

Lorsque Leo Leike recevra cette demande de résiliation dans sa boite courriel, lui aussi ne se doute pas de ce qu’il attend. De ce quiproquo banal naitra une relation épistolaire grandiose, remplie de curiosité, d’intrigue, d’intérêt et d’abus. Car rapidement cette relation deviendra tout sauf saine, rapidement nos deux comparses seront dépendant aux lignes de l’autre, ils vivront que pour ces instants de fin de soirée, assis pathétiquement devant leur écran d’ordinateur, dans l’attente interminable d’un nouveau courriel, d’une nouvelle ligne, d’un seul mot. 

Glattauer trace ici un portrait simple, mais tremblant de vérité de l’amour en 2011. Bien plus qu’une simple histoire d’amour, Quand souffle le vent du Nord relate l’impact inhérent des nouvelles technologies de l’information dans nos relations interpersonnelles, dans nos espaces sociaux. Quand est-il des rendez-vous galants, des soirées à la recherche de l’amour avec un grand A, des papillons de la première fois, des rouages du charme et des fameuses premières impressions à l’ère de l’amour 2.0? 

Ce bouquin porte une prémisse sympathique qui deviendra de plus en plus intense alors que leur relation viendra bousculer leur réalité, leur petit monde. Ce qui était au départ qu’une simple distraction deviendra rapidement un jeu dangereux, et même s’il s’en rendre compte, il leur semble impossible de s’en arrêter. La dernière ligne de Quand souffle le vent du Nord ne laissera personne indemne, pas même le lecteur. Et bien que certains seront satisfaits, plusieurs resteront sur leur faim, et c’est pourquoi Glattauer à écrit La septième vague, le roman que vient clore le diptyque de Leo et Emmi. Bien que parfois redondant, on est plus qu’heureux de retrouver ces courriels. Pour certains ce sera une vraie fin, alors que pour moi, ce n’était qu’un long épilogue. La septième vague est un bon bouquin, sans être nécessaire, le charme opère, mais n’innove pas. 

Le lecteur ne peut résister à la tentation et succombe rapidement aux courriels entre Emmi et Leo. Rapidement cette saine curiosité laisse place à un véritable voyeurisme, un besoin de savoir. On se retrouve exactement au même point qu’eux, essayant de décortiquer chaque mot, chaque phrase pour comprendre les sentiments qui se cache derrière chaque ligne. Bien plus qu’un roman d’amour, l’œuvre de Glattaeur se nourrit inlassablement de l’air du temps pour réinventer le genre. Et c’est pari réussi. 

dimanche 24 juillet 2011

Weber et la dette américaine


Il reste moins de deux semaines au gouvernement américain pour arriver à une entente. Ce qui est dommage c’est qu’il n’y aura pas d’entente cordiale, rien de révolutionnaire. Un moment comme la présente situation démontre bien l’impuissance du plus puissant des présidents dans son propre système politique, surtout après une défaite au mi-mandat. Bien qu’Obama voyait grand, une réduction astronomique de la dette contrebalancé par une hausse des taxes, un plan sur vingt ans, dans le but d’enrayer le fléau de la dette dans lequel les américains se sont enlisés depuis la deuxième moitié du XXe siècle; rien de tout cela ne peut arriver sans l’accord complet de ceux qui dirigent le congrès, les républicains. Des républicains qui auraient, en tant normal, été capable de s’entendre sur ce genre d’accord avec les démocrates, dans le but de tuer la crise et d’avoir de quoi se vanter lors des présidentielles de 2012.

Et pourtant. Le phénomène Tea Party n’était guère éphémère, comme on l’avait à peu près tous prédit. Cette droite braquée est en train de déchirer le GOP comme rarement l’a-t-on vu dans son histoire. Et c’est cette même droite braquée qui ne démord pas, aucune hausse des taxes ne doit être faites, sinon c’est dans l’abysse financier que nous plongerons tous. Avec de tels interlocuteurs qui font les sourds d’oreille, les démocrates ont frappé un mur et n’auront pas l’opportunité de remédier à ce problème criant qu’est la dette américaine.

En 1919, Max Weber donna des conférences sur les métiers de savant et de politique. Ces conférences sont désormais le cœur d’un ouvrage phare en science politique, soit Le Savant et le Politique de Max Weber. Avec une précision quasi chirurgicale, Weber parvient à cerner plusieurs aspects clés de l’éthique dans ces deux disciplines. Dans un des segments, il énonce clairement l’opposition entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité. Lire le mince paragraphe que Weber écrivit en 1919 nous permet de mettre cette crise politique sous un angle différent, et de comprendre les oppositions viscérales qui séparent  les deux parties en présence. Si certains ce demande encore pourquoi Max Weber est un grand de ce monde, et bien c’est pour ça. Ses observations ne sont jamais trop vielles, ne sont jamais de l’ère du temps, elle traverse l’espace et le temps et décortique le politique comme peu ont été capables.

Une course contre la montre vient de débuter entre les deux parties pour parvenir à une entente avant l’ouverture des marchés lundi matin. Si au moins Weber pouvait se trouver à la table de négociation…

Les mots d'un autre

Je sais qu'elle m'a aimé mais qu'elle ne m'aimera jamais plus. Je n'en souffre pas. J'accepte son absence comme quelque chose d'irrémédiable. Je n'attends rien, je ne souhaite que de me retrouver seul sans son image floue. Je trouve cela long, si long qu'il m'arrive d'en désespérer. Alors, parfois, pour me rassurer et parce que je refuse de me battre inutilement contre ce qui me dépasse, je songe à ces buffles dans ces plaines africaines qui, lorsque l'orage s'abat sur la savane, se maintiennent solidement sur leurs quatre pattes, baissent la tête et attendent, immobiles, que cesse la pluie.

-David Thomas

La Patience des buffles sous la pluie
David Thomas
Le livre de poche
Préface de Jean-Paul Dubois
151 pages
11,95$

mercredi 13 juillet 2011

Un personnage fort sympathétique


Assis à une table près du port de Sydney, Maxwell Sim regarde des chinoises jouer aux cartes, une mère et sa fille. Il les envie. Il envie leur intimité, leur amour, leur joie, leur sérénité et leur plaisir. Il aimerait tellement les aborder, faire partie de ce moment. Quand il aura pris la décision de le faire, de s’y lancer, ce sera trop tard, il aura rater le bateau, encore une fois. Car c’est l’histoire de sa vie. Maxwell Sim est pathétique, dépressif, seul, trop vieux pour être jeune et trop jeune pour être vieux, divorcé, père manquant, un homme sans envergure, sans rêve, qui n’espère que le bonheur, qui semble si loin. À porter de tous, sauf pour lui.

La vie très privée de Mr Sim nous plonge dans cette existence médiocre qu’est la sienne, le tout, avec un pointe d’humour anglais à se torde de rire. De Sydney à en Angleterre, des pubs londoniens aux Shetlands en Écosse, Jonathan Coe met en scène une quête existentielle sans précédent pour son personnage, qui tentera de se retrouver dans cette cruelle modernité qu’est le XXIe siècle.



Dépressif et sans emploi, Mr Sim dénichera un petit contrat de vendeur de brosse à dent à son retour de Sydney. N’ayant rien d’autre à l’agenda l’homme solitaire entamera son périple sans trop d’ambition, mais plusieurs bifurcations et imprévus l’amèneront à remettre sa minable existence en perspective. Plus l’histoire avance, plus Maxwell Sim se vide le coeur dans l’oreille d’Emma, sa confidente. Elle est une nouvelle connaissance, une collègue de travail durant le contrat des brosses à dents. Jamais elle ne pose de question, jamais elle juge, Emma ne fait qu’écouter Maxwell, ce qui lui fait le plus grand bien. Quelque fois Emma s’échappe et glisse un “Dans 500 mètres, tournez à droite.” Et oui, notre Mr Sim s’éprendra pour la voix de son GPS.

Coe signe ici un roman léger, mais troublant d’exactitude. Dans ce calvaire qu’est la pathétique vie de Maxwell Sim, le lecteur se retrouvera, car on est tous, à moins grande échelle, un peu pathétique, un peu seul, un peu dépressif. Et c’est là la force de Jonathan Coe, dans un Road Novel réinventé, il met en scène certaines grandes questions existentielles. À travers un personnage qu’on ne peut qu’aimer, Coe nous explique comment passer à travers le XXIe siècle: en fermant les yeux, baissant la tête et fonçant droit devant. Un bouquin qui se lit sourire en coin d’un bout à l’autre, l’écriture de Coe est à la fois juste, mais surtout tordante. Lire le premier chapitre de se livre, c’est vous engagez à le terminer, tellement dès les premières pages on tombe rapidement en amour avec ce loser qu’est Mr Sim, car après tout, on l’est tous un peu.

lundi 11 juillet 2011

Si vous n'avez qu'un livre à lire cet été...

Il y a de ces bouquins qu’on ne peut simplement plus lâcher, ces moments où la littérature devient une drogue. On arrive le matin au bureau les yeux cernés, mort de fatigue, tel un junkie qui ne se rappelle pas de sa soirée. “Qu’as-tu fait hier soir pour avoir cette sale tête? J’ai lu.” Ces bouquins aux histoires enlevantes, au suspense haletant et à l’écriture juste, qui nous bouscule un quotidien jusqu’à ce qu’on tourne la dernière page, qu’on lise la dernière phrase. Jusqu’au moment où on referme le livre, satisfait de l’expérience, mais en deuil de tout ces personnages qu’on vient de quitter. Et bien le dernier livre de Justin Cronin, Le Passage, fait partie de ces bouquins là.

Ce roman est tout à la fois. Ses 960 pages renferment plus de 11 parties couvrant plus de 100 ans. L’action débute en 2010, alors qu’on test un virus sur des condamnés à mort qui ont donné leurs corps à la science. Une fois administré, l’homme n’est plus, la bête prend le dessus. Ces 10 condamnés à mort, sous le regard des hautes instances du FBI, deviendront, dans le fin fond d’une montagne du Colorado, des surhommes, puissant, intelligent, rapide. Ils s’abreuvent de sang et ne tolérant pas le soleil.

Quoi?

Non!

Pas un autre livre de vampire! N’ayez crainte, j’ai eu cette même réaction. J’ai même refermé le livre, me disant que ça allait être pour de bon. Pas un 1000 pages de vampires, on passe à un autre appel. Et pourtant. Un erreur monstrueuse aurais-je fait si, sous la pression de collègue de travail, je ne m’était pas replonger dans Le Passage de Justin Cronin. Car soudainement, tout chavire. Les 10 cobayes, s’échappent et le virus se propage. Le Colorado périra, et soudainement la côte Ouest américaine en entier et finalement, c’est l’Amérique complète qui succombera au virus, devenant ce No Man Land où ces bêtes errent sans cesse pour survivre.

On suit donc, 100 ans plus tard, une colonie de réfugiés, de résistants, située en Californie. Une centaine d’âme, tout au plus. Il n’ont pas connu autre monde que celui là, l’état de nature. On ne quitte pas l’enceinte, on ne marche pas à l’ombre et on attend. Qui? L’armée, bien sur. Viendra-t-elle? On en doute tous, bien sur. C’est aux portes de cette colonie que Amy arrivera. Elle semble avoir 10 ans, tout au plus, et pourtant. Elle a connu la modernité. Elle a connu l’apocalypse. Et pourtant.

C’est dans cet univers post-apocalyptique que Justin Cronin nous plonge, un Amérique qui n’est sans rappeler La Route de Cormac McCarty. Avec une narration incroyable, Cronin nous livre ici un roman immense, qui est le premier tome d’une trilogie qui, vous en avez ma parole, deviendra culte. Son style d’écriture est maîtrisé, subtile. Il sait nous livrer ses intrigues par morceaux alors que ses personnages sont humains et complets. Avec lui, on avance pas à pas, tranquillement, dans ce monde qui était jadis le nôtre. Un livre qui nous évoque Stephen King à son meilleur, qui est aussi épique qu’un bon Ken Follett et qui est du même sang que la série Walking Dead, Le Passage de Justin Cronin est unique en son genre et sans équivoque le must-read de l’été.

jeudi 7 avril 2011

Le Mauvais Western

Le Signal de Ron Carlson est une fiction racontant l’ultime randonnée d’un couple qui en est à ses derniers miles. Se découpant en 6 jours d’excursion, Carlson dévoilera au compte goutte le passé de son personnage principal, Mack, de son enfance à la rencontre de sa femme jusqu’à sa déchéance complète dans l’alcool et le crime. Cette dernière randonnée est à la fois une occasion de clore un chapitre de leur vie commune, mais aussi une occasion pour Mack de faire un coup d’argent pour sauver le ranch familial, le tout guidé par le simple signal de son Blackberry.

Bien que la prémisse laisse présager un drame mettant en scène plusieurs tensions insoutenables, c’est plutôt l'habilité qu’a Carlson de décrire ce Wyoming, qui vous transporte le roman durant... et rien d’autre. Car pour le suspense insoutenable, on repassera. La relation qu’entretien Mack avec son ex est intéressante, les tensions palpables, les souvenirs omniprésents.


" À l’aube, la voûte du ciel montagneux passa du gris au doré en une minute, comme un voile gonflé par le vent, et quand Mack leva la tête à l’instant où les premières flammes montaient du tas de petit bois qu’il avait disposé, un vertige lui voila les yeux comme un nuage. "



Mais Carlson trébuche lorsqu’on transige tranquillement de cet amour perdu vers un thriller mettant en vedette des bandits de bas niveau et des braconniers qu’on veut sans foi, ni loi. Dès cet instant, le roman bascule vers un mauvais western, et ce, jusqu’aux dernières pages. Les chasses à l’homme en forêt ne sont pas peu crédibles, mais peu senties. Pour ce genre de suspense, on lit beaucoup plus Cormac McCarthy (Blood Meridian, No Country for an Old Man). Les quelques scènes inquiétantes du récit sont rapidement oubliées lorsque l’auteur essaie mettre en scène une histoire peu éloquente de trafic de drogue, qu’on a lue cent fois.

Je m’attendais peut-être à trop, ou simplement pas à ça. Au final, j’ai découvert un Wyoming comme je ne l’avais jamais lu et ce fut grandement apprécié, mais ce bouquin se termine en queue de poisson et vous m’en voyez un peu déçu. Ceci dit la collection Nature Wrtiting des éditions Gaillmeister (Sukkwan Island) me surprend encore un fois en dénichant un auteur qui décrit l’état sauvage d’une verve plus que notable. Le Signal vous fera passer un bon moment en forêt avant de vous laisser sur votre faim.

Extrait:
" Ils gravirent l’escarpement sur près d’un kilomètre jusqu’à une plaine désertique entourée d’un cirque rocheux qui, comme tous les autres le long de la crête, aurait pu s’appeler le Trône. Le torrent souterrain glougloutait toujours sur la pierre, comme le bruit étouffé d’une conversation. Ils pouvaient apercevoir le glacier tout au fond de la plaine et, après qu’ils eurent monté encore quelques mètres, l’immensité bleue de Spearpoint Lake apparut comme un secret d’initié, comme s’il avait essayé de se cacher. Le monde entier désormais n’était plus que ciel, roche et eau. "


vendredi 1 avril 2011

Rigueur, rigueur, rigueur


“ Mon oreille vient de percevoir une nouvelle voix d’écrivain chez Mélanie Vincelette. C’est une chose si rare que j’ai envie de danser ”
                                                                           — Dany Laferrière

J’ai entretenu une relation amour-haine avec le petit dernier de Mélanie Vincelette. Je m’attendais peut-être à trop, peut-être parce qu’elle est éditée chez Robert Laffont, peut-être à cause de la critique de Laferrière, ou peut-être pas. Polynie nous expédie rapidement et efficacement sur l’île de Baffin dans le cercle polaire canadien. On suivra Ambroise, un cuisinier pour un camp de miniers, éperdument amoureux de Marcelline la glaciologue. Le frère d’Ambroise, Rosaire, meurt et personne ne s’explique pourquoi. C’est dans cette atmosphère que Vincelette suivra le deuil d’Ambroise, ses palpitations amoureuses et sa quête de vérité quant à la mort de son frère. Sans oublier une étrange carte qui circule dans la famille d’Ambroise et de Rosaire, affirmant que les Chinois ont découvert l’Amérique.

"Empesée par le deuil, l’âme humaine prend parfois les détours les plus lumineux pour se protéger des faits qui assomment."

Ce roman sent le poisson, entre deux pages Vincelette en profite toujours pour parsemer ses péripéties de recettes inuits à base de poisson qui m’étaient jusqu’à maintenant inconnu. Sympathiques au départ, ces incursions littéraires deviennent rapidement vides. L’histoire est intéressante et surtout dépaysante et c’est là la force du roman. Elle nous transporte dans un décor qui nous est tout sauf familier et on y plonge avec plaisir. Mais la grande faiblesse du roman est sans équivoque l’écriture qui m’a parfois agacé à un point tel que j’ai failli abandonner le roman. Répétition des mêmes termes dans le même chapitre (Le Cercle polaire, Brice de Saxe Majolique) ou encore une accumulation maladroite de comparaisons qui finissent par être ridicules, comme dans l’extrait suivant :



"J’avais l’âme sur les lèvres. Ma relation avec mon frère était forte, notre lien, inaltérable. Sans Rosaire mon existence n’avait plus de forme. C’était comme si je venais de passer la nuit dehors, complètement nu. J’étais en hypothermie. Ma température avait baissé de deux degrés, j’avais la chair de poule, tous les poils de mon corps se sont redressés pour créer une barrière isolante supplémentaire. Je respirais difficilement, comme si mes poumons étaient d’acier. J’avais perdu toute sensation dans mes mains, et mon couteau à fileter a ricoché sur ma botte. Je me suis évanoui comme une jeune actrice le soir de la première, et mon 1,95 mètre est resté immobile sur le sol."

Sans oublier les phrases qui selon moi ne faisaient aucun sens, que je pense à un chant de gorge murmuré : « Un chant de gorge inuit comme un requiem murmuré par des enfants est monté en moi. » ou d’autre qui marquait encore des répétitions maladroites : « Le fil ténu de la confiance est vraiment mince. » Ou les quelques fois où elle prend ses précieux mots pour nous expliquer qu’est-ce que vision mondiale, je déteste quand un auteur sous-estime son lecteur. Des phrases trop souvent saccadées, courtes et simples. Un roman qui par moment, éprouve un manque criant de rythme, tant dans l’histoire que dans le style.


Au final, Polynie m’a tout de même fait vivre un voyage intéressant avec des personnages complets, quelquefois à la limite du caricatural (je pense à Tommy le pilote de brousse qui me faisait penser au lamentable Jack dans Chercher le vent de Guillaume Vigneault). Si le pari de Vincelette était de nous faire découvrir un bout de pays (le Nunavut) et une culture (inuit) qui nous échappe trop souvent, et bien, c’est réussi. Pour ce qui est du grand roman littéraire, on repassera. J’aurai aimé pouvoir plus m’abandonner à l’histoire, mais l’écriture m’en empêchait. Le gros bémol est définitivement le manque de constance, parce que quelquefois ses mots me transportaient, alors que d’autres fois, c’était agaçant. Pour les bonnes ou les mauvaises raisons, je crois toutefois que la lecture vaut la peine, mais pas besoin d’accourir en librairie. Un bon roman, sans plus.

Extrait:
"Une polynie est un trou éternel dans la glace. Une source de vie et de nourriture inespérée dans l'hiver polaire. L'ouverture est entretenue par les vents et courants, mais aussi les baleines, qui doivent remonter à la surface toutes les vingt minutes pour respirer. Elles empêchent la glace de se refermer. Les ours polaires viennent pêcher dans ses eaux fertiles au plus noir de l'hiver. À la fin de la saison froide, la peau épaisse des bélugas est entaillée par leurs coups de griffes répétés. "