mercredi 13 juillet 2011

Un personnage fort sympathétique


Assis à une table près du port de Sydney, Maxwell Sim regarde des chinoises jouer aux cartes, une mère et sa fille. Il les envie. Il envie leur intimité, leur amour, leur joie, leur sérénité et leur plaisir. Il aimerait tellement les aborder, faire partie de ce moment. Quand il aura pris la décision de le faire, de s’y lancer, ce sera trop tard, il aura rater le bateau, encore une fois. Car c’est l’histoire de sa vie. Maxwell Sim est pathétique, dépressif, seul, trop vieux pour être jeune et trop jeune pour être vieux, divorcé, père manquant, un homme sans envergure, sans rêve, qui n’espère que le bonheur, qui semble si loin. À porter de tous, sauf pour lui.

La vie très privée de Mr Sim nous plonge dans cette existence médiocre qu’est la sienne, le tout, avec un pointe d’humour anglais à se torde de rire. De Sydney à en Angleterre, des pubs londoniens aux Shetlands en Écosse, Jonathan Coe met en scène une quête existentielle sans précédent pour son personnage, qui tentera de se retrouver dans cette cruelle modernité qu’est le XXIe siècle.



Dépressif et sans emploi, Mr Sim dénichera un petit contrat de vendeur de brosse à dent à son retour de Sydney. N’ayant rien d’autre à l’agenda l’homme solitaire entamera son périple sans trop d’ambition, mais plusieurs bifurcations et imprévus l’amèneront à remettre sa minable existence en perspective. Plus l’histoire avance, plus Maxwell Sim se vide le coeur dans l’oreille d’Emma, sa confidente. Elle est une nouvelle connaissance, une collègue de travail durant le contrat des brosses à dents. Jamais elle ne pose de question, jamais elle juge, Emma ne fait qu’écouter Maxwell, ce qui lui fait le plus grand bien. Quelque fois Emma s’échappe et glisse un “Dans 500 mètres, tournez à droite.” Et oui, notre Mr Sim s’éprendra pour la voix de son GPS.

Coe signe ici un roman léger, mais troublant d’exactitude. Dans ce calvaire qu’est la pathétique vie de Maxwell Sim, le lecteur se retrouvera, car on est tous, à moins grande échelle, un peu pathétique, un peu seul, un peu dépressif. Et c’est là la force de Jonathan Coe, dans un Road Novel réinventé, il met en scène certaines grandes questions existentielles. À travers un personnage qu’on ne peut qu’aimer, Coe nous explique comment passer à travers le XXIe siècle: en fermant les yeux, baissant la tête et fonçant droit devant. Un bouquin qui se lit sourire en coin d’un bout à l’autre, l’écriture de Coe est à la fois juste, mais surtout tordante. Lire le premier chapitre de se livre, c’est vous engagez à le terminer, tellement dès les premières pages on tombe rapidement en amour avec ce loser qu’est Mr Sim, car après tout, on l’est tous un peu.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire